Le mois de février n’est pas celui qui permet le plus d’observation florale en forêt d’Orléans. Les gelées nocturnes et la bise d’hiver ne favorisent pas la pousse d’espèces florifères. Et pourtant une plante dont le nom latin du genre est Vinca va vaincre ce froid. Vinca vient du latin « vincere » qui se traduit par vaincre. Carl von Linné en 1753 a dû être influencé par ce courage à fleurir en cette période hivernale. minor pour le nom spécifique, car elle possède les plus petites fleurs du genre Vinca, genre qui compte sept espèces. De la famille des Apocynaceae, Vinca minor n’est autre que la Petite pervenche, jolie fleur au bleu si particulier que Brassens en teinta les iris de Bécassine. La Petite pervenche prend ses aises dans les sous-bois de la forêt d’Orléans, délaissant les milieux trop acides et secs du massif de Lorris. Il est préférable de musarder dans le massif d’Orléans pour l’observer. Violette des sorciers pour les uns, utilisée depuis le moyen âge pour guérir divers maux, elle est toujours aujourd’hui employée en phytothérapie contre l’insuffisance circulatoire cérébrale. Violette des poètes pour les autres, Lamartine, dans ses Troisièmes Méditations poétiques lui consacra un poème. Violette de serpent aussi, la Petite pervenche est une vivace herbacée à feuillage persistant. Elle possède deux sortes de tige. Une rampante avec de nombreuses feuilles, sans fleurs, longue parfois de plusieurs mètres, colonise le terrain. L’autre, de trente à cinquante centimètres, dressée, porte les fleurs. La Petite pervenche est utilisée au jardin comme couvre-sol, la persistance de son feuillage et sa floraison de février à juin agrémente parfaitement un sous-bois. Ne dit-on pas aussi qu’elle fait fuir les orties. Avec ses deux cousines françaises, Vinca major, la Grande pervenche et Vinca difformis, la Pervenche difforme, elles offrent une multitude de cultivars pour le jardinier.
Addenda :
Le poème de Lamartine. La Pervenche
Pâle fleur, timide pervenche,
Je sais la place où tu fleuris,
Le gazon où ton front se penche
Pour humecter tes yeux flétris !
C’est dans un sentier qui se cache
Sous ses deux bords de noisetiers,
Où pleut sur l’ombre qu’elle tache
La neige des fleurs d’églantiers.
L’ombre t’y voile, l’herbe égoutte
Les perles de nos nuits d’été,
Le rayon les boit goutte à goutte
Sur ton calice velouté.
Une source tout près palpite,
Où s’abreuve le merle noir ;
Il y chante, et moi j’y médite
Souvent de l’aube jusqu’au soir.
O fleur, que tu dirais de choses
A mon amour, si tu retiens
Ce que je dis à lèvres closes
Quand tes yeux me peignent les siens!
Alphonse de LAMARTINE
Troisièmes Méditations poétiques (1849)
Le couplet de Bécassine de Brassens.
Au fond des yeux de Bécassine
Deux pervenches prenaient racine,
Si belles que Sémiramis
Ne s’en est jamais remise.
Et les grands noms à majuscules,
Les Cupidons à particules
Auraient cédé tous leurs acquêts
En échange de ce bouquet.
Au fond des yeux de Bécassine
Deux pervenches prenaient racine.
La chanson en lien.
CLASSIFICATION
- Règne : Plantae
- Division : Magnoliophyta
- Classe : Magnoliopsida
- Ordre : Gentianales
- Famille : Apocynaceae
- Genre : Vinca
- Espèce : minor