En cet hiver plutôt frisquet, il a fallu attendre le début mars pour voir voleter les rhopalocères hivernants de la forêt d’Orléans. Ainsi, le 9 mars dernier, au carrefour de Chateaubriand, quelques Robert-le diable (Polygonia c-album), un Paon du jour (Inachis io), et une bonne dizaine de Citron (Gonepteryx rhamni) sont de sortie. Vous me direz, le Citron au printemps, c’est du plus commun, et ce n’est pas faux. En Seine et Marne, il annonce trois jours de pluie, disent les anciens. Dans l’Est du Loiret et en Sologne, il annonce cinq jours de beau temps suivant le dicton local. Nous pouvons croire que ceux du week-end dernier annonçaient du froid à la vue du temps de la semaine écoulée en forêt d’Orléans. Bref, notre Citron n’est pas si commun qu’on peut le croire. Des papillons hivernants, il est un des rares avec le Morio (Nymphalis antiopa) à passer l’hiver dehors. Le papillon va trouver refuge sous des feuilles de ronce ou de lierre au ras du sol. La neige épaisse et le froid vif ne le dérangent pas. Par un processus chimique interne, le Citron va transformer son hémolymphe en antigel et inversera le processus dès que les températures redeviendront clémentes. Gonepteryx rhamni, comme son nom vernaculaire l’indique, est jaune citron chez le mâle et jaune clair verdâtre chez la femelle. Autre particularité, ce papillon monovoltin, possède une des plus grandes longévités à l’état adulte chez les lépidoptères et, rareté chez les papillons, les parents peuvent vivre un temps avec leurs enfants. Gonepteryx rhamni se protège de l’hiver, mais aussi des grandes chaleurs. Après avoir amassé assez de nourriture sur les fleurs vernales, il va passer l’été chaud au frais dans la végétation dense des lierres, vivant de ses réserves. A la fin de l’été, il ressort pour butiner le nectar des fleurs automnales en prévision de l’hiver. Cette spécificité laisse croire que deux émergences dans l’année ont lieu. Son nom spécifique latin rhamni vient de Rhamnaceae, famille de plantes dont la chenille se nourrit, la Bourdaine (Fragula alnus) et le Nerprun purgatif (Rhamnus cathartica). Le Citron appartient à la famille des Pieridae, comme la célèbre Piéride du chou (Pieris brassicae) ou l’Aurore (Anthocharis cardamines). Le genre Gonepteryx a trois représentants en Europe, G. farinosa vole du côté des Balkans, G. cleopatra vole dans le Sud de la France et est appelé Citron de Provence. Les photos sont d’archives car le neuf mars dernier, aucune fleur pour alimenter ces téméraires et difficile de les photographier.
CLASSIFICATION
- Règne : Animalia
- Division : Arthropoda
- Classe : Insecta
- Ordre : Lepidoptera
- Famille : Peridae
- Genre : Gonepteryx
- Espèce : rhamni
- Gonepteryx rhamni, le Citron.
- Une femelle en août 2010, sous-famille des Coliadinae, les Gonepteryx se posent toujours les ailes fermées.
- Une femelle du Citron, avec des teintes verdâtres, sur une Bugle rampante (Ajuga reptans) en mai 2012.
- Un mâle, typiquement couleur citron sur une fleur d’arbre à papillon (Buddleja sp) en juillet 2012. On voit le point central brunâtre sur chaque aile.
- Un mâle typique au restaurant sur de l’Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum). Le mâle du Citron ne peut pas être confondu en forêt d’Orléans.
- Un mâle bien usé en mai 2010 sur des Myosotis (Myosotis sp). La période hivernale a dû être dure.
- Le Citron ressemble à une feuille, la côte de l’aile antérieure est légèrement concave, l’aile postérieure est fortement dentée.
- Le dessus de la massue antennaire est brune chez G.rhamni, blanc chez G. farinosa, mais chez nous ce caractère distinctif ne sert pas.
- À la lisière de la forêt, un mâle s’approche d’une fleur de Muscari, le 1 avril 2013.
- Parade nuptiale le 21 avril 2013 sur une allée forestière, le mâle poursuit la femelle.
- Visiblement la femelle est plus attirée par les fleurs que par le galant.
- Le même jour pourtant des œufs sont présents sur des rameaux de Bourdaine. La couleur verdâtre trahit des œufs du jour.
- Les œufs prennent vite une couleur jaune, citron bien sûr.
- Le 8 mai, une petite chenille éclot, le chorion est blanc,elle a mangé le haut pour sortir.
- Le 19 juillet 2013, un mâle photographié juste avant qu’il se pose pour se restaurer.
- Et le 27 septembre 2013, c’est une femelle prise à « l’afleurissage » dans le jardin.
- Un mâle visite les fleurs de Lierre terrestre (Glechoma hederacea) en forêt d’Orléans le 4 avril 2016.
